On peut faire un rapprochement entre la conceptualisation Deulezienne de l’image cinématographique contemporaine, l’image-temps, et les considérations théoriques de Maya Deren à propos de la structure poétique de l’image cinématographique, où le sens surgit du va et vient des images dans l’entre deux, et dans la laquelle la forme est fondamentalement liée à son contenu. Ces propos s’inscrivent dans la lignée de la théorie d’Eisenstein qui considère la forme filmique en tant que structure organique dans laquelle tous les éléments sont nécessaires à la création et au bon fonctionnement de l’ensemble. Deren exemplifie cette systématisation en adoptant la figure de l’anagramme, qui sert de métaphore à l’image cinématographique ainsi qu’au film en tant que tout. Le rapport essentiel entre les différents éléments (la permutation des lettres de l’anagramme, la composition de l’image et l’agencement des différentes images) est étroitement lié à l’ensemble filmique, de sorte que le moindre changement à l’intérieur des séries affectera l’entièreté du système. Cette formalisation est directement dérivée de l’image poétique, à la fois verbale et visuelle (conception de l’image formulé par le poète Erza Pound), et qui est le noyau théorique de l’esthétique de l’image cinématographique développée par Deren.